3 QUESTIONS À M. BÂ BOUBAKAR MOUSSA, PREMIER VICE-PRÉSIDENT DE L'UFP , ANCIEN MINISTRE À LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE. «CES MESURES APPARAISSENT COMME UN MÉPRIS ET UN GESTE DÉDAIGNEUX…».
En marge de la conférence de presse animée, hier matin, par le président de l’UFP (Union des Forces de Progrès, M. Mohamed Ould Maouloud, après l’annonce de l’ouverture, par le gouvernement de 600 boutiques témoins afin de faire face aux hausses répétées des prix des denrées essentielles, Nouakchott Info a rencontré M. Bâ Boubakar Moussa, Premier vice président de l’UFP et ancien Ministre à la Présidence de la République. L’homme politique a bien voulu revenir non seulement sur ces mesures gouvernementales, mais aussi sur l’acte d’immolation de notre compatriote Yacoub Ould Dahoud, et ce qu’il faut faire pour éviter la reproduction du drame tunisien dans notre pays.
Bâ Boubakar Moussa: Beaucoup de pays, y compris la Mauritanie sous la présidence de Mokhtar Ould Daddah et d'autres régimes, ont déjà eu recours à cette méthode. Mais l’expérience a montré que cette dernière n’est pas efficiente. Il faut savoir que 600 boutiques représentent une goutte d’eau dans l’océan de villages et de campements de la Mauritanie. Un (1) kilogramme de riz et un (1) litre d’huile valent-ils la peine pour un chef de famille de passer toute une journée à faire le rang, au détriment de ses activités et obligations? Ces mesures apparaissent comme un mépris et un geste dédaigneux de la part de personnes repues, qui croient que la charité (Et quelle charité !) pourrait se substituer aux devoirs de l’Etat et en particulier de son Chef.
N.I: Pensez-vous que l’acte d’immolation de notre compatriote Yacoub Ould Dahoud soit lié à la flambée des prix que connaît actuellement notre pays ?
B.B.M.: Tout d’abord, je voudrais présenter mes sentiments sincères et attristés ainsi que ceux de l’UFP (Union des Forces de Progrès) à la famille de ce compatriote, à ses amis et à ses proches. Le geste qui a été le sien est un geste qui n’est pas conforme à nos traditions religieuses et sociales.
Il résulte de la détresse et au désespoir d’un citoyen confronté à l’injustice et la gestion clanique des affaires du pays par le pouvoir, en particulier par le Chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz. Il est sûr et certain que cet acte intervient dans un contexte particulier où en Tunisie et en Egypte, deux pays frères dans lesquels les citoyens souffrent de la gestion maffieuse et clanique de Ben Ali et de Hosni Mouraback.
Des citoyens de ces pays, victimes de la même détresse, avaient déjà eu recours au même geste. Il est sûr et certain qu'un tel geste et d’autres plus graves pourraient se répandre ou même s’aggraver si le pouvoir continue à appliquer la même politique que l’ancien président Zeine El-Abidine Ben Ali.
Nous le mettons en garde contre cette politique et le conjurons d’y renoncer, sous peine d’engendrer les troubles qui pourraient lui faire subir le même sort que Ben Ali.
N.I : Que peut-on faire pour éviter la reproduction du drame tunisien dans notre pays ?
B.B.M : Pour éviter les dérives que connaissent les événements de Tunisie à notre peuple, il est possible d’organiser une concertation avec les Partis politiques, les Associations de la société civile, les Personnalités religieuses pour trouver des solutions consensuelles à la grave crise politique, économique et sociale que connaît notre pays.
La COD (Coordination de l’Opposition Démocratique) a déjà convié le Pouvoir et le Chef de l’Etat à cela, mais ils continuent toujours à gérer de manière patrimoniale et clanique les ressources du pays au détriment de la société dans son ensemble, et en particulier de la population déshéritée.
Propos recueillis par Camara Mamady