99 Sénégalaises violées en 5 mois en Mauritanie

Publié le par Camara Mamady

     Violees-copie-1.jpgMauritanie- des sÉnegalaises victimes de violences sexuelles une organisation mauritanienne fait état de 99 sénégalaises victimes de viol, en 5 mois

C’est l’Association mauritanienne pour la santé de la mère et de l’enfant (Amsme) qui donne la nouvelle effarante : 99 cas de viol sur des Sénégalaises ont été enregistrés par les assistantes sociales de cette organisation mauritanienne de défense des droits de l’Homme,  depuis le début de 2013. La parole de certaines femmes sénégalaises violées semble se libérer. Elles ont accepté de se confier à L’Observateur.


Rama ne se hasarde plus à mettre le nez dehors, dans ce quartier périphérique de Sebkha. La Sénégalaise d’une vingtaine d’années a été victime de viol, dans ce quartier populeux. Elle traîne une honte et une gêne depuis que deux jeunes gens, sous les yeux de son colocataire mauritanien, un policier de surcroît, ont abusé d’elle. Aujourd’hui, pour fuir l’horreur, elle est allée se réfugier dans le très trépidant et populaire quartier de Médina 3. Façon «d’oublier» ou de «fuir» le regard pesant de ses voisins. Depuis son déménagement, la jeune femme ressortissante sénégalaise n’avait évoqué à personne le calvaire qu’elle a subi entre les jambes de ses agresseurs sexuels. Elle se confie : «C’était une nuit de samedi. Je venais de regagner tardivement ma petite chambre, après une longue et fatigante journée de travail au salon. Je me suis lavée avant d’aller directement me coucher. A peine au lit, j’ai entendu quelqu’un frapper à ma porte,  avec insistance, en disant que c’était la police. Je me suis levée du lit, j’ai ouvert la porte et je suis ainsi tombée nez à nez avec mon colocataire, policier de son état et deux autres personnes. J’ai tout de suite cru à une plaisanterie de mauvais goût de ce colocataire. C’est ainsi que les deux jeunes gens m’ont dit qu’ils étaient des policiers. «Comme tu es prostituée, tu dois nous remettre la somme de 200 000UM (environ 400 000 FCfa), si tu ne veux pas d’ennuis avec la police mauritanienne. Je leur ai dit que je ne suis pas prostituée. Mais ils n’ont pas cherché à comprendre. Et, les deux jeunes gens se sont relayés sur moi. Ensuite, ils ont pris mes économies d’un montant de 105 000 ouguiyas (soit 210 000 FCfa) et sont partis tout en me disant que je devais incessamment quitter la Mauritanie et au plus tard le dimanche matin». Rama n’a alors que ses yeux pour pleurer.

Contrairement à Rama, Soda a été violée dans une baraque «isolée», sous la menace d’une arme blanche. Elle dit : «J’ai emprunté la petite ruelle qui rallie la voie publique au Kebba (bidonville). A peine descendu du minibus, à quelques encablures du quatrième robinet (de la commune d’El Mina), un mec a brusquement sauté sur moi. Il m’a conduite, sous la menace d’une arme blanche, dans une baraque, vers le Kebba Marabatt, puis il m’a violée plusieurs fois avant de fondre dans la nature.»

 

 

 

Pourquoi les victimes annulent la procédure judiciaire…

Rama et Soda font partie de la longue liste des femmes sénégalaises violées en Mauritanie. En silence, ces femmes souffrent dans leur chair et ont du mal à en parler. Mais de plus en plus des femmes sénégalaises victimes de viol choisissent de porter le combat devant la justice. C’est le cas de Abibatou, Mariétou, Fatou et Astou qui ont saisi Dame justice par l’intermédiaire de Zeïnabou Mint Taleb Moussa, la présidente de l’Association mauritanienne pour la santé de la mère et de l’enfant (Amsme). En témoigne la déclaration de  Samba Ciré Bâ, le superviseur technique du Centre El Wafa, une structure de prise en charge des victimes de violences sexuelles. «Agée de 22 ans, Abibatou, domestique de son état, a été victime de viol collectif. Elle est venue se confier à nous au siège de l’Amsme) tout en exprimant le souhait de porter cette affaire devant les tribunaux mauritaniens. C’est ainsi que Zeïnabou, la présidente, a porté plainte contre les violeurs de cette jeune femme, ressortissante sénégalaise. Mais, elle n’a pas voulu poursuivre la procédure judiciaire. Parce qu’elle n’a jamais accepté de comparaître à la barre, je ne sais pour quelle raison, nonobstant notre assistance et présence à ses côtes», serine-t-il.

La mésaventure des femmes sénégalaises ne s’arrête pas que dans les quartiers populaires. En Mauritanie, les «maniaques» sexuels rôdent même dans les quartiers résidentiels. Fatou, une Sénégalaise, est montée dans un taxi pour regagner chez elle, après une longue journée de travail, dans une habitation située dans le quartier résidentiel de Tavragh-Zeina. Elle y a trouvé des jeunes gens à bord du véhicule, qui ont voulu l’enlever. Mais c’est à cause de ses cris pour demander de l’aide que les jeunes prédateurs sexuels ont fini par renoncer à leur projet funeste et ont jeté par terre la jeune femme. Tombée à terre, Fatou a été secourue par un passant qui prendra soin d’elle comme une petite sœur, des mois durant, avant de se jeter une nuit sur elle sénégalaise et la violer. Seulement, la Sénégalaise n’est jamais allée à la barre de la cour criminelle pour affronter cet agresseur sexuel.

 

Quant à Mariétou, coiffeuse de profession, elle a été violée par 20 jeunes garçons, dans sa propre chambre. Ils sont venus la trouver chez elle en lui disant qu’ils ont appris que la jeune femme est une «prostituée» de métier. Et par conséquent, qu’ils vont se relayer sur cette «pauvre» jeune femme sénégalaise, sans débourser le moindre ouguiya. En effet, après leur forfait, les jeunes garçons ont pris ses deux téléphones portables et ses parures pour s’en aller. Selon nos informations, l’un des 20 jeunes violeurs de Mariétou était le fils du propriétaire de la maison dans laquelle elle était en location. Et le père de cet enfant violeur aurait pesé de tout son poids pour que la victime retire sa plainte, moyennant le remboursement de ses biens matériels volés par ces jeunes gens.

 

Astou est allée à Dakar avec sa mère après le divorce de cette dernière avec son père. A peine quatre mois de séjour dans la capitale sénégalaise, cette adolescente, qui est née à Nouakchott de parents sénégalais, a regagné la capitale mauritanienne et s’est installée sous le toit paternel, situé dans le quartier périphérique de Riyad. Ce ressortissant sénégalais, qui avait du mal à s’en remettre de son divorce, n’a pas trouvé mieux que les petits bras de cette petite fille pour se consoler de sa solitude sentimentale. Il abusait ainsi de sa fille toutes les fois qu’il en avait envie. Et, cela a duré jusqu’au jour où cette gamine apprendra de la bouche des médecins du Centre hospitalier national de Nouakchott qu’elle est enceinte. Et cette pauvre jeune fille n’est pas du tout passée par quatre chemins pour dire que son père, un marabout de «bonne» réputation dans la commune de Riyad, est «l’auteur» de sa grossesse. Les membres de la famille ont discrètement géré cette affaire incestueuse en renvoyant la jeune fille au Sénégal. Et, le père a évidemment changé de lieu de résidence, pour fuir le regard lourd de ses voisins.

CAMARA MAMADY

 

Aminetou Mint El Moctar Ely, présidente de l’Association des femmes chefs de famille (Afcf)

«Il est très difficile de convaincre les policiers d’un cas de viol»

 «Il n’est jamais facile pour une femme violée de convaincre  un policier ou un auxiliaire judiciaire qu’elle n’est qu’une victime. Ces gens passent le plus clair de leur temps à dire qu’elles accusent à tort des hommes de viol. D’autres disent même qu’elles sont consentantes ou que ces femmes sont de mœurs légères. Pis, certaines femmes violées sont contraintes de retirer leur plainte moyennant des compensations financières. D’autres, par contre, subissent d’énormes pressions parentales ou tribales pour ne pas aller à la barre. Des choses de ce genre se passent généralement dans les locaux de la police ou dans la Chambre d’accusation. Certains magistrats féodaux  accusent les femmes victimes de viol d’être responsables.»

C.MAMADY

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article