Cigarettes et Mauritaniennes : Font-elles bon ménage ?!
Sur les terrasses des différents cafés de Nouakchott, même sur les perrons des maisons tant à l’intérieur de celles-ci, au bar-restaurant de l’Institut français de Mauritanie (IFM), les jeunes filles mauritaniennes ne se cachent plus et fument au vu et au su de tout le monde sans complexe, ni crainte. Bon nombre d’entre elles sont désormais incapables de vivre des heures voire passer une journée sans la cigarette à la bouche. Curieusement, aucune de ces femmes n’a été en mesure de dire pourquoi elle continue encore à fumer? Les unes disent qu’elles fument par «plaisir», les autres par «habitude». Mais, les unes et les autres savent toutes que la nicotine est très mauvaise pour leur organisme. Pour cause, certaines ont tenté maintes fois d’arrêter de fumer pour de bon, mais en vain.
Une imitation qui devient une habitude
A la question de savoir pourquoi elles fument ? Les jeunes filles ont diversement répondu. Mais elles n’ont donné que deux raisons. Les unes soutiennent qu’elles fument pour le simple plaisir de se faire. Et pour les autres, fumer est désormais devenu une habitude comportementale qu’elles ne peuvent plus s’en passer tous les jours. Comme en attestent les propos des fumeuses : «Quand j’ai commencé à fumer je n’avais même pas 10 ans. Je le faisais juste pour imiter mes frères. Et j’en suis devenue très vite dépendante de la cigarette. Je ne pouvais plus passer un jour sans fumer. Et cela dure depuis des années», a révélé Khadijetou. Autant dire sans aucune forme d’élégance que Khadijetou Mint El Houssein est âgée de 27 printemps. A quelques différences près, même son de cloche chez Mariame Tandia, née en 1986 : «Mes grands frères m’envoyaient souvent à la boutique acheter leurs cigarettes et me disaient d’allumer une cigarette avant de revenir à la maison. En cours de chemin, j’avais toujours eu une envie folle de mettre la cigarette à la bouche et de respirer un coup. Et j’ai fini par le faire un jour de 1999».
De l’argent envoyée en fumée
A en croire Khadijetou Mint El Houssein, elle est consciente du double danger que représente la cigarette pour son porte-monnaie et pour sa santé. Pour cause, elle a maintes fois tenté d’arrêter la cigarette, mais en vain. «A deux reprises, je voudrais arrêter la cigarette. La première fois n’a duré que 6 mois et la seconde 3 semaines voire un mois. Pour compenser l’envie de la cigarette, je buvais un bon thé à la menthe. Arrivée pendant les vacances 2009 à Bamako, je prenais un médicament traditionnel en poudre de couleur marron que j’achetais le sachet à 2.000 Francs. Cfa toutes les semaines que j’ai passées dans la capitale malienne. Mais dès mon retour à Nouakchott, je suis remise à fumer de nouveau. Tous les jours, je fume presque un paquet de cigarettes. En 2010, j’ai suivi un traitement nicotinique de substitution lors de son séjour à Malaga, en Espagne au frais de mes parents, mais je ne vous dirai pas le montant ! Malgré ces dépenses folles, je continue à fumer». Quant à Mariame Tandia, elle a aussi tenté un traitement de ce genre dans le pays dans le pays de David Villa à coup de milliers de notre Ouguiya national, mais elle continue toujours carboniser à petit feu son corps. Selon les dernières statistiques de 2008, «175 millions de cigarettes rentrent tous les ans en Mauritanie. 31% de nos compatriotes garçons fument et 34% des jeunes filles»
Un plaisir qui tue à petit feu
La consommation du tabac est actuellement considérée comme l’une des principales causes des maladies respiratoires et cardiovasculaires dans notre pays. Selon le Dr Mohamed Ould Abdallah, chef de services de pneumologie du Centre hospitalier national de Nouakchott, «plusieurs mauritaniens souffrent des maladies liées à la consommation abusive du tabac, entre autres, les cancers de la tranchées, des bronches et du poumon, aussi appelés cancers bronchiques ; les cancers des lèvres, de la cavité buccale et du pharynx, de l’œsophage et du larynx». Le Dr Ould Abdallah, qui était d’ailleurs très méfiant, n’a pas voulu nous donner des statistiques sur la frange de la population mauritanienne qui souffriraient de ces maladies dans notre pays. Si l’on en croit le Bristish Médical Journal, chaque cigarette fumée réduit la vie de 11 minutes. Que dire alors à nos jeunes filles compatriotes qui fument par jour un paquet de cigarettes contenant 20 cigarettes ! Comme quoi, fumer est un plaisir, qui tue à petit feu. Plus de 80% des fumeurs décèdent prématurément dans le monde pour cause de la nicotine.
Camara Mamady
Le Rénovateur Quotidien