DIANGO, ARTISTE-DANSEUR MAURITANIEN «Je suis prêt à répudier mon épouse pour Coumba Gawlo Seck»
A dos de chameau, ballotant son «thiaya» (pantalon bouffant), son apparition dans le dernier clip de Coumba Gawlo Seck, «Kouy Feug» (qui frappe à ma porte) où il joue le rôle d’un de ses prétendants, n’est pas passé inaperçue. De son nom d’artiste, Diango, le danseur d’origine mauritanienne est depuis sorti de l’ombre. L’Obs l’a déniché pour vous. Dans cet entretien, il retrace son parcours, sa relation «particulière» avec la diva à la voix d’or pour qui il serait prêt à renier son épouse…
Que pouvez-vous nous apprendre sur vous ?
Je suis danseur, plus connu sous mon nom d’artiste, Diango. Je suis originaire de Tintane, (ville située dans la Wilaya, région de Hodh Gharbi à 700km de Nouakchott). Mais, je suis né à El Mina communément appelé, 6e arrondissement. Ne comptez pas sur moi pour vous révéler mon âge et mon vrai nom, car je n’en parle jamais. J’ai étudié jusqu’en classe de Cm2, après avoir décroché mon Entrée en sixième. Ma passion pour la danse avait fini par prendre le dessus sur mes études. Seulement, mes parents ne l’entendaient pas de si bonne oreille. Ils m’ont presque forcé à apprendre un autre métier. J’ai accédé à leur demande en me formant à la peinture. Je suis devenu peintre et j’ai exercé ce métier pendant quelques années.
Comment la danse est-elle venue à vous ?
Je suis né à l’époque où il faisait bon vivre à Nouakchott. Les hommes et les femmes de mon âge ne cessent de regretter ce temps-là. On n’avait jamais le temps de s’ennuyer, toutes les nuits et particulièrement le week-end, les quartiers de la ville étaient en effervescence. Il y avait partout des soirées dansantes. C’est de là que j’ai piqué le virus de la danse et jusqu’à présent, je ne suis pas parvenu à trouver un remède pour m’en guérir.
Pourquoi avoir décidé d’en faire votre métier ?
Je suis quelqu’un qui fonce tête baissée lorsque je crois en quelque chose. Dans ce bas monde, aucun être vivant ne peut échapper à sa destinée. Donc même s’il y a des réticences autour de soi, il faut toujours faire ce que l’on aime. J’étais peintre contre mon gré, car mes parents m’y obligeaient. Un beau jour, j’ai décidé de mettre fin à cette sorte de tyrannie, en me consacrant spécialement à la danse.
Avez-vous d’autres activités en dehors de la danse ?
Oui, je travaille depuis quelques années à la Mairie de Ksar comme planton.
Est-ce facile pour un danseur comme vous d’évoluer dans une République islamique ?
Je n’ai vraiment pas de problème, parce que tout simplement, je ne me préoccupe pas du qu’en dira-t-on. Je me considère comme un professionnel de la danse et je me sens bien dans ce que je fais. Le reste m’importe peu. J’ai toujours mis une barrière entre les gens et mon métier, même ceux de ma propre famille. Si j’ai choisi cette voie, cela ne regarde personne. N’empêche, certains trouveront toujours à redire, ils verront le mal là où il n’y en a pas. Mais, c’est le cadet de mes soucis, du moment que je m’épanouis dans mon travail.
Ne vous arrive-t-il pas d’essuyer des critiques ou carrément des attaques ?
Qui n’est pas critiqué ou attaqué dans ce monde ? Dans mon milieu, c’est encore pire. Ce sont des propres collègues danseurs qui se mettent à te dénigrer une fois que tu as le dos tourné, juste par jalousie. C’est le monde qui est ainsi fait. Mais cela ne me fera pas reculer pour autant, je suis trop passionné.
Dîtes-nous en un peu plus sur votre relation avec Coumba Gawlo Seck. Comment s’est passée votre première rencontre ?
Lorsque les artistes et musiciens sénégalais viennent se produire à Nouakchott, je ne rate jamais leurs rendez-vous. C’est ainsi que j’ai entendu parler d’un dîner de gala animé par Coumba Gawlo Seck. J’y suis allé sans y être invité, comme toujours. Je n’ai pas pu m’empêcher de danser sur les rythmes entraînants de la musique de Coumba. Les gros bonnets présents à la soirée sont tombés sous le charme de mes pas endiablés et m’ont offert beaucoup de sous. Coumba m’a appelé sur le podium et je n’ai pas hésité à la rejoindre et danser à ses côtés. Le lendemain, elle assurait un show au stade de Ksar et a une fois de plus fait appel à moi. Cette fois-ci, elle m’a présenté au public, en disant que j’étais son «chéri coco». Nous avons sympathisé et elle m’a invité à venir au Sénégal pour le tournage de son dernier clip «Kouy Feug».
A votre avis, pourquoi vous a-t-elle choisi pour figurer dans son clip ?
Je crois savoir que mes talents de danseur y sont pour grand-chose. J’ai dansé dans beaucoup de spectacles d’artistes sénégalais, dont Viviane Chidid. Mais Dieu a voulu que ce soit elle qui m’invita à figurer dans son clip.
Si vous aviez la possibilité de l’épouser en réalité, le feriez-vous ?
Oui et tout de suite. Coumba est une femme exceptionnelle ! Elle m’a mis dans de très bonnes conditions lors de mon séjour à Dakar. Coumba est une femme extrêmement gentille. Elle n’a pas d’égale sur terre comme femme. Si j’avais réellement la possibilité de faire d’elle mon épouse, je le ferais sans hésiter. Je serais même prêt à répudier mon épouse pour Coumba. Elle ne doit, en aucun cas, être une seconde épouse. Quel homme doué de raison n’aimerait pas épouser la diva à la voix d’or et aux qualités humaines exceptionnelles ?
Pensez- vous avoir vos chances avec elle ?
Si c’est mon destin, cela se fera ! Pour moi, tout est possible, dans la mesure où l’on y croit.
Alors pourquoi avoir pris une épouse pendant que vous étiez encore à Dakar pour le tournage de son clip ?
Mon mariage s’est fait derrière moi pendant que j’étais à Dakar, comme vous le savez, pour le tournage du clip de Coumba. Je n’étais au courant de rien, c’est seulement après mon retour que j’ai été mis devant le fait accompli. Mes parents m’ont appris mon mariage et ce sont eux qui ont choisi mon épouse sans même que je n’ai un mot à dire. Vous savez comment sont les Mauritaniens, ils se mêlent de la vie privée de leur progéniture au nom de l’Islam. Je ne pouvais qu’accepter leur volonté, histoire d’être un bon fils à leurs yeux.
Votre épouse est-elle une parente à vous ?
Ma femme et moi ne sommes pas parents, ni de près ni de loin.
Arrive- t-elle à se faire à votre vie d’artiste-danseur ?
Pourquoi ne s’y ferait-elle pas ? Ma carrière de danseur ne doit pas être son problème. Je danse depuis 1992. Autant vous dire que ce n’est pas une femme qui pourra me détourner de mon métier. C’est moi qui suis le chef de la maison. Je ne vais jamais me laisser commander par une femme qui est sous mon toit.
Comment Diango est-il dans la vraie vie ?
Diango est un musulman qui prie tous les matins et implore le pardon d’Allah, la paix pour lui-même et pour les autres. Je partage tout ce que je gagne avec mes parents, proches et amis.
La danse vous permet-elle de vous en sortir financièrement ?
Les choses commencent à bouger pour moi depuis mon apparition dans le clip de Coumba Gawlo Seck. Elle a fait de moi une star, je commence à gagner de l’argent. Lorsque je suis parti avec Ousmane Gangué à Rosso-Sénégal, les gens n’arrêtaient pas de m’appeler : «Diango, le chéri coco de Coumba.» Maintenant, je suis sollicité par beaucoup d’artistes locaux qui m’amènent avec eux dans leurs déplacements. J’ai même un manager qui s’occupe de mon planning.
PAR MAMADY CAMARA
L’Observateur du Sénégal