Guinée/ le n°3 de la junte dans le fauteuil de l’intérim : Portrait du Général Sékouba Konaté «El Tigre»

Publié le par Camara Mamady

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Le Général Sékouba Konaté est né le 6 juin 1964 à Conakry. Ses parents paternels sont originaires de la capitale du Mandingue, Kankan. Cette ville est restée très longtemps la deuxième capitale de la République de Guinée.

 

Il est, d’ailleurs, l’un des nombreux homonymes du célèbre Guide religieux de ladite ville de Kankan, Cheikh Fantamady Cherif surnommé par ses disciples «Sékouba» (en Malinké), qui signifie littéralement en français (Grand Cheikh). Issu d’un couple formé par un commandant de l’armée guinéenne et une guinéo-libanaise.

 

Le jeune Sékouba est soumis à une éducation rigoureuse pour ne pas dire militaire et religieuse. Et devint un sportif accompli en pratiquant notamment le football.

Ses amis le surnomment «Parousky» pour honorer l’international polonais buteur des années 80. Très rapidement, il perdra la joie de vivre par la perte successive de son père, en 1983, de sa petite sœur Delphine en 1985. Et la même année, il obtint son bac. Au lieu d’aller à l’une des deux universités guinéennes à l’époque, il s’est engagé dans l’armée guinéenne pour noyer, dit-on, son chagrin de la perte de ces êtres chers. Parti se former à l’académie royale de Meknes, au Maroc, il est informé, en 1988, du décès de sa mère, Jeannette.

 

Un militaire de missions, mais pas d’ambitions.

 

Après avoir passé cinq (5) ans dans le royaume chérifien, il a regagné, en 1990, sa terre natale de Guinée. Il est affecté au Centre d’instruction militaire de Kindia. L’année à laquelle, Moussa Dadis Camara a eu sa maîtrise en économie et entame son service militaire. Dans la capitale des agrumes, les deux hommes font connaissance et deviennent des amis. La vie s’occupera du reste. Le sous-lieutenant Sékouba Konaté intègre le corps d’élite de l’armée guinéenne et est affecté au Bataillon Autonome des Troupes Aéroportées (BATA) communément appelés «les bérets rouges».

 

Mais, son séjour au Camp Alpha Yaya Diallo ne durera pas. Parce qu’il s’envolera, en 1992, pour un stage à l’école d’application de Montpellier, France et une formation de chef de section parachutiste à Pau, toujours en France. Derechef retour en Guinée, une guerre civile sévit dans la République de Sierra Leone frontalière de la Guinée, il est alors envoyé dans ce pays dans le cadre du maintien de la paix de la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

 

Il est l’un des chefs militaires du contingent de l’Ecomog à Freetown de 1995 à 1996. Durant ce maintien de la paix, il est passé du commandant adjoint au commandant et se fait un nom dans la répression «sauvage» des rebelles sierra-léonais et libériens coupables du non respect du cessez-le-feu.

 

De son énième retour au pays, il ne profite pas de ses retrouvailles avec ses parents. Parce qu’une mutinerie embrasse la Guinée du 2 au 3 février 1996. Une mutinerie entamée pour une raison de revalorisation salariale des militaires, le Palais des Nations- le bureau du président Lansana Conté, où il se trouvait- est fortement endommagé par des tirs venant du Camp Alpha Yaya Diallo.

 

Le commandant Kader Doumbouya (Commandant de BATA), le commandant Gagbo Zoumanigui et le commandant Ousmane Sow étaient à la manœuvre de cette mutinerie. Ces pilonnages avaient affaibli le pouvoir du Général Lansana Conté. Il est contraint de «pardonner» les auteurs de cette mutinerie. Petit à petit, il finira par arrêter les militaires coupables notamment les commandants Kader Doumbouya et Ousmane Sow. Quant à Zoumanigui, il filera à l’anglaise pour aller en exil.

 

Sékouba Konaté est également arrêté et a passé les mois de mars et d’avril 1996 en prison pour être finalement relâché au bénéfice du doute. Au mois de novembre 1996, il est encore renvoyé à Freetown pour remettre de force- le président sierra-léonais, Ahmad Tejan Kabbah- dans son fauteuil, renversé par une junte dirigée par le capitaine Valentin Strasser. Il a réussi la prouesse, le président est derechef à la commande de son pays.

 

Trois ans durant, il est resté au chevet du président sierra-léonais. Pour le récompenser, le Général Lansana Conté lui a octroyé une bourse d’aller suivre des cours d’Etat-major en Chine. En 2000, il est rappelé au pays pour aller faire face, cette fois-ci, aux rebelles guinéens. Il est nommé à la tête du détachement des «Rangers». Il a établi son quartier général à Macenta, une ville frontalière au Liberia.

 

Il faisait alors face à la base arrière des rebelles qui venaient de la frontière libérienne. Encore, cette expédition militaire est couronnée de succès, le commandant Sékouba Konaté regagne le camp Alpha Diallo avec le surnom le «tigre» (El tigre) pour ses parents maternels libanais. En janvier 2008, la Guinée de Lansana Conté est échouée par les syndicalistes et les mutins militaires.

 

Il est encore appelé à la rescousse du Général maladif. Le président l’a promu lieutenant-colonel et est nommé commandant du Bataillon Autonome des Troupes d’Aéroportées (BATA). Il est également chargé de remettre de l’ordre dans le rang des militaires guinéens. Ce sont les retrouvailles avec son ami, Moussa Dadis Camara, de l’intendance militaire, qui tirait toutes les ficelles des différentes mutineries de l’armée guinéenne.

 

La suite, le tandem est appris le pouvoir le 23 décembre 2008, juste après, l’annonce de la mort du Général président Lansana Conté. A peine, un an d’exercice calamiteux du pouvoir de son compagnon d’arme, Dadis Camara, il est appelé pour assurer l’intérim de ce dernier, qui est dans un lit d’hôpital au Maroc. Décidément, le Général Sékouba Konaté n’a pas encore fini de mener des missions au nom de la Guinée.

 

Camara Mamady

Nouakchott Info

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