Intervention française au Mali : TPMN pour ou contre ?
Membres fondateurs du TPMN, Abdoul Birane Wane, Coordinateur de TPMN et Abass Diagana, Secrétaire aux Droits de l’homme, ont travaillé ensemble jusqu’à la scission dudit Mouvement. L’un et l’autre livrent dans l’entretien croisé si dessous leurs points de vue sur la Guerre au Mali.
Le Rénovateur Quotidien : Que pensez-vous de la guerre au Mali, notamment l'intervention menée par la France contre les islamistes?
Abdoul Birane Wane : A partir du moment où l'Etat malien est lui même demandeur de cette intervention militaire, nous ne trouvons aucune raison que certains s'agitent et se plaisent à la condamner. Nous avons bien vu cote à cote les soldats maliens et les soldats français. Le Mali a été agressé par des hommes qui veulent imposer la tyrannie et la terreur et qui foulent au sol la dignité de l’être humain. Cette intervention française va au moins permettre de briser ce noyau terroriste qui allait déstabiliser l'Afrique de l'ouest qui a déjà suffisamment de problèmes. Dans leur majorité les combattants islamistes sont de nationalités étrangères alors pourquoi leur permettre d'occuper le Mali? Ils n'ont qu'à mener leur jihad dans leurs pays respectifs, ou se croient-ils investis de la mission d'islamiser les Africains? Ce qui est choquant c'est le comportement de certains pays musulmans qui condamnent l'intervention française alors qu'ils avaient observé un silence total quand les groupes islamistes terrorisaient des innocents dans leur propre pays. Au nom de quoi ces pays dénoncent-ils la présence Française alors qu'ils se taisent quand des combattants soudanais, Mauritaniens ou issus d'autres pays arabes attaquent le Mali? Cette intervention militaire doit se poursuivre jusqu'à ce que le Mali soit entièrement libéré du joug des islamistes arabes. L'occupation du Mali répond au projet de constituer le grand Etat Arabo-berbère s'étendant du nord-Mali au Soudan, c'est ça la véritable motivation.
Abass Diagana : L’action de la France dans cette guerre contre les terroristes au Mali, est une action positive et salutaire, qui est venue d’ailleurs tardivement. Je profite de l’occasion, pour dire que ces bandits n’ont pas d’Islam à enseigner ni au peuple malien, ni à qui que soit. Certains pays qui se disent musulmans étaient derrière cette bande de voyous qui est à l’origine de tous les maux du peuple malien, jusque là abandonné à son sort avant que ce déploiement français ne vienne stopper le danger djihadiste. Les islamistes, savent qu’ils ont perdu en Afghanistan et au Pakistan. Ils projettent de s’installer en Mauritanie et au Mali, pour en faire leur satellite, exercer pleinement leur métier qui est le trafic de la drogue en mettant à profit la la pauvreté du Mali d’une part et la position géographique et géopolitique de la Mauritanie, un trait d’union entre l’Afrique noire et le monde arabe. Je m’explique : nous croyons en nos capacités propres et à la grandeur de la diversité ethnique de la république islamique de Mauritanie. Malheureusement, la Mauritanie est gouvernée contre son peuple, dans l’irresponsabilité la plus conservatrice, traduisant une difficulté politique blessante. La piraterie politique repose sur le détournement et le parasitisme. Donc nous saluons le courage et la détermination de la France, et nous appelons toutes les nations à s’allier pour la cause, pour que le Mali retrouve son intégrité territoriale démocratique et laïque.
Le Rénovateur Quotidien : La Mauritanie doit-elle participer ou pas avec ou sans la demande des autorités maliennes ?
A.B.W : La Mauritanie a le devoir de s'associer à cette intervention de la France et des pays Africains pour au moins réparer ses erreurs. Nous savons que dès le début, que certains faits montrent, que la Mauritanie a soutenu le MNLA qui a été dépassé par les mouvements islamistes. De tous les voisins immédiats la Mauritanie constitue pour ces groupes armés le territoire le plus propice pour s'installer, avec une partie de la population très sensible au discours radical et où des cellules d’Aqmi ont déjà mené des agressions et même un attentat suicide. Donc la Mauritanie doit intervenir pour ne pas avoir à subir les conséquences de cette crise malienne qui sera inéluctable et fatale.
A.D : La Mauritanie et le Mali ont des liens historiques, géographiques fraternels… j’en passe. Ce caractère multiethnique fait que la Mauritanie ne doit nullement attendre qu’une mouche touche au Mali, pour lui venir en aide. Les travailleurs de la fonction publique cotisaient pour venir en aide au peuple palestinien, et cet argent est coupé à la source, donc aucun fonctionnaire n y échappe. D’autres collectionnent une banque de sang pour la même cause. Quand on attaque la Syrie ou la Palestine, certaines personnes n’hésitent pas de marcher sur les ambassades des ‘’ennemis’’ ; maintenant qu’il s’agit du Mali, la Mauritanie prend le problème avec les gans ! Tout s’explique par la comparaison de ces cas de figure. Il est temps qu’on cesse cet amalgame qui consiste à confondre Islam et arabité. Un problème qui touche le Mali, la Mauritanie doit être sensible, si elle ne l’a pas orchestré.
Propos recueillis par Camara Mamady