Le président "Aziz" et l'AJD/MR: L’heure est-elle à la compréhension mutuelle?
Depuis un certain temps, les membres du bureau politique de l'AJD/MR semblent tourner le dos à la stratégie des piles de plates- formes revendicatives sur le bureau du président de la République. Désormais entre l'AJD/MR et le président de la République, c'est l'heure de la compréhension mutuelle qui se pointe au nouvel horizon 2010. Comme quoi en politique, il y a toujours une raison de se rapprocher et de s'entendre sur tout. Cette fois-ci, les raisons sont la lutte contre la gabegie, la réconciliation nationale…
"Le Secrétaire National chargé des relations extérieures de l'Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation (AJD/MR) s'est adressé au Chef de l'Etat pour lui transmettre les salutations fraternelles d'Ibrahima Moctar SARR, président de l'A.J.D/MR et lui souhaiter la bienvenue en France", disait le communiqué sanctionnant la rencontre de la fédération de l'AJD/MR en France avec le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz. Evoquant le geste d'appréciation du président de la République, le communiqué a poursuivi : "Appréciant cette marque d'attention, le président de la République a lui-même applaudi en esquissant un grand sourire de satisfaction, ce qui a entretenu les applaudissements de l'assistance". Pour ceux qui connaissent le président de la République, il n'est pas coutumier des gestes démonstratifs de satisfaction. Donc, il est très normal que l'assistance accompagne son "grand sourire" par un tonnerre d'applaudissements. La preuve, il a fallu son entretien, le dimanche 25 janvier 2009, avec notre consoeur de tv5monde, Denise Epoté Durand dans l'émission : "Et si vous me disiez toute la vérité" que nos compatriotes voient sourire pour la toute première fois le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Et le lendemain, Ould Abdel Aziz et son sourire arboraient la une de tous les quotidiens du pays ou presque.
Depuis peu de temps, les dirigeants de l'AJD/MR ne cessent de multiplier des gestes de séduction à l'égard du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz. Nous sommes, désormais, loin des périodes où le bureau politique du parti avait exclu certains de ses militants pour leur soutien "inconditionnel" aux militaires pour ne pas dire de l'ancien général Ould Abdel Aziz. Comme en témoigne le propos du président Ibrahima Moctar Sarr dans une interview récente : "L'objectif fondamental de mon parti a été atteint, à savoir le dépassement, avec l'aide et la bénédiction de la communauté internationale, de la crise institutionnelle dont le premier jalon fut le dépôt d'une motion de censure contre l'ex Président Sidi Ould Cheikh Abdalahi. Ainsi, dès notre meeting du 31 janvier 2009, nous exhortions l'ensemble de la classe politique à participer à l'élection présidentielle et proposions à l'opposition de s'unir pour battre le Général. Aux militants venus nombreux démontrer la force de notre parti mettant fin aux rumeurs d'implosion entretenues par quelques membres du bureau politique après leur exclusion pour leur soutien inconditionnel des militaires". Nous sommes également loin des moments où le président de l'AJD/MR débarquait au Palais de la République avec des piles de plates-formes revendicatives pour tout dialogue avec le pouvoir en place. Après tant de mois de parcours solitaire, le moins que l'on puisse dire, la classe dirigeante de l'AJD/MR semble tirée les leçons du passé "intransigeance politique" à l'égard de tout pouvoir dans notre pays. Une intransigeance politique qui a, d'ailleurs, fini par exacerber bon nombre des militants du parti. Alors que les autres leaders politiques tentaient tant bien que mal à jouer sur les cordes de la realpolitik. Pour préparer son futur, le bureau politique du parti a été, semble-t-il, confronté à un choix politique entre l'opposition traditionnelle partagée entre le tandem (Messaoud/Ahmed) et l'actuel pouvoir. Connaissant le passé relationnel tumultueux d'"Ibrahima Moctar" avec ces deux opposants politiques historiques. Une alliance ou un rapprochement- avec/vers le président Mohamed Ould Abdel Aziz- est, aujourd'hui, sans aucun doute le moindre mal pour Sarr et son parti.
La realpolitik de l'AJD/MR
Selon toujours le communiqué, le Président de la République a commencé par regretter des évènements inacceptables qui ont eu lieu dans notre pays et qui expliquent "la présence de beaucoup d'entre vous ici en France malgré vous " puis a remercié l'assistance de sa présence à cette rencontre et a fait un appel à la réconciliation nationale dont notre pays a tant besoin après tant d'épreuves.
Pour rassurer les militants de l'AJD/MR, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a dit n'être : "le président d'aucune tribu, d'aucune ethnie mais de tous les mauritaniens. Le Président de la République a fait le bilan de son action notamment la lutte contre la gabegie et la corruption, les actions visant le retour des déportés, le passif humanitaire et tout le tableau sombre de la politique de ses prédécesseurs". Un discours qui a enthousiasmé la délégation de l'AJD/MR à Paris. Et pourtant, il n'y a rien de nouveau dans ce discours que nos compatriotes n'ont pas encore entendu depuis l'avènement du "Mouvement de la Rectification". Certainement, ce sont les dirigeants et les militants de l'AJDMR qui ne faisaient aucun effort pour prêter une oreille attentive aux différents discours d'"Aziz". Tout au long de sa toute première conférence de presse, le 19 juillet 2009, à l'Hôtel Khaïma, le président élu, il n'a cessé de marteler : "Je suis le président de tous les Mauritaniens…". Mais, comme disait l'autre : "Mieux vaut tard que jamais". C'est maintenant que ces paroles tant prononcées tombent enfin dans les oreilles des gens de l'AJD/MR. Cela est une source de satisfaction pour bon nombre de militants du parti de Sarr.
Camara Mamady
Source : Nouakchott Info