Lutte contre les MGF : Des avancées encourageantes pour continuer le combat !
A l’instar de la communauté internationale, la Mauritanie célèbre, aujourd’hui, mercredi 6 février courant, la Journée Mondiale de la lutte contre les Mutilations génitales féminines (MGF). Les autorités mauritaniennes ont gagné des batailles dans ce vieux combat, mais la lutte doit continuer sans interruption pour débarrasser ces exciseuses à la machette facile de leur violentes et mortelles lames.
Depuis un certain temps, la campagne contre l’abandon de l’excision en Mauritanie bat son plein à l’intérieur du pays. Et tous les jours, les bonnes nouvelles de l’abandon de cette pratique immémoriale fusent de part et d’autres : les pionniers de cette lutte et les autorités du pays se frottent les mains ainsi que les éventuelles petites filles et femmes victimes candidates, qui seront désormais épargnées. Autant dire que leurs droits des femmes à leur intégrité physique seront maintenant respectés nonobstant la frustration des professionnelles de l’excision. Et pourtant certaines de ces dernières avaient senti le vent tourner en leur défaveur. Et elles ont ainsi pris les devants pour déposer les canifs pour de bon. En témoigne le propos d’Aïchetou Mint Sidi Mohamed, qui est issue d’une famille d’Hodh El-Chargui dans laquelle le métier de l’excision se transmet de mère en fille : «Durant des années, je ne pratiquais que le métier de l’excision pour subvenir à mes besoins. Et j’en ai fait autant depuis que j’habite à Nouakchott, mais j’ai fini par déposer le couteau pour le respect des droits des femmes, parce que j’aurai appris que les pratiques de l’excision ne sont pas des pratiques religieuses
Une lutte de longue haleine contre une pratique non religieuse
La lutte contre les MGF n’a pas été du tout une simple promenade de santé pour les militants des droits humains en Mauritanie ; la pratique de l’excision étant religieusement assimilée à une purification corporelle. Pour cause, les membres de l’AMPSPE (Association mauritanienne des pratiques ayant effet sur la santé des femmes et des enfants) étaient seuls contre tous en terre islamique de Mauritanie : parents des filles, futurs époux, oulémas, exciseuses pour dire qu’ils étaient allés à contre-courant de l’idéologie d’une frange importante de la société mauritanienne qui continuait encore à croire qu’une femme non excisée est une épouse «souillée» dans une famille. Malgré les critiques des uns et des autres, ces défenseurs de droits humains ont décidé de réagir après le constat que plus de 70% de mauritaniennes ont subi au moins l’une des formes de l’excision au cours de leur vie notamment lors de leur petite enfance si l’on en croit les données de l’Enquête démocratique de Santé en Mauritanie (EDSM) menée entre 2001 et 2002. La même enquête a aussi révélé que les MGF sont pratiquées en Mauritanie par l’ensemble de toutes les communautés mauritaniennes, mai certaines plus fréquemment que d’autres : 92% en milieu Soninké, 72% en milieu Halpoular, 71% en milieu Maure et 28% en milieu Wolof. Des pourcentages qui n’ont pas manqué évidemment de faire réfléchir certains oulémas, sensibilisés, qui ont finalement prononcé, le mardi 12 janvier 2010, une «fatwa» (loi) condamnant sans ambages toutes les pratiques des MGF en Mauritanie. Et depuis, les lignes de la lutte contre cette pratique bougent ce pays, surtout dans la Mauritanie profonde.
Camara Mamady
Le Rénovateur Quotidien