MAURITANIE- Ces Sénégalais qui vivent dans l’enfer des prisons mauritaniennes
Dans les couloirs du Palais de Justice de Nouadhibou, ville située à 470km de la capitale, Nouakchott, les Sénégalais mis en cause dans des affaires endurent leurs peines dans le silence de leur cellule. Enquête exclusive sur ces détenus ressortissants sénégalais, qui croupissent dans la maison d’arrêt de la capitale économique de Mauritanie.
Nombreux sont les ressortissants sénégalais qui croupissent actuellement dans les prisons mauritaniennes pour diverses raisons : meurtre, viol, pédophilie, vol, falsification de billets de banque, consommation ou/et vente de drogue, ou encore accusations fallacieuses. Et, ils sont une trentaine de détenus qui sont en train de purger leur peine dans la maison d’arrêt de Nouadhibou. D’autres, qui sont placés en détention préventive, attendent dans les cellules, leur comparution à la barre afin d’être situés sur leur sort judiciaire. Les accusés originaires du pays de la Téranga se suivent à la barre du Palais de justice de Nouadhibou, mais leurs chefs d’accusation ne se ressemblent pas du tout, et leurs peines d’emprisonnement non plus.
4 ans de prison ferme pour 4 personnes
Selon nos informations, Oumar Guèye, Cheikh Diop, Daouda Kébé et Samba Diéye ont été pris en flagrant délit de falsification de billets de banque en 2010, dans la capitale économique de Mauritanie. Ils ont été conduits manu militari dans les locaux du commissariat central de cette ville. Ils ont été déférés devant le parquet et condamnés à quatre ans de prison ferme. Tombé malade dans sa cellule de la maison d’arrêt de Nouadhibou, Samba Diéye, âgé de 35 ans, a été transféré à Nouakchott, dans la prison civile de Dar-Naïm pour qu’il puisse bénéficier des soins médicaux au Centre hospitalier national de Nouakchott. Samba qui était chauffeur de profession y est finalement décédé au début du mois d’octobre 2012.
La perpétuité pour le viol et le meurtre d’une fillette
Le Sénégalais, Mamadou Camara, pêcheur de son état, aurait enlevé une fillette mauritanienne en 2003. Il est allé la violer, puis a jeté son corps à la mer. Arrêté et traduit à la barre, Mamadou aurait plaidé coupable tout en indiquant là où il avait jeté la fillette en vie, en mer. Malgré sa demande de clémence, Mamadou Camara a été condamné à la perpétuité. Et depuis cette date de 2003, il croupit toujours en prison.
Détention préventive pour motif de pédophilie
Agé de 45 ans, Cora Sylla, menuisier métallique de profession, serait venu chez lui aux environs de 16 heures 30 après sa descente de travail, le mercredi 11 février 2013, selon nos informations concordantes recueillies à Nouadhibou. Et des heures après, ce ressortissant sénégalais a été accusé par l’un de ses voisins mauritaniens d’avoir entraîné sa petite fille âgée 9 ans dans sa maison pour jouer avec les seins de cette dernière. Malgré sa protestation, Cora Sylla a été conduit dans les locaux du commissariat de la police centrale. Ensuite, il a été placé en détention préventive, le 13 février. Cora Sylla attend toujours sa comparution devant le juge pour être situé sur son sort judiciaire.
Détention pour proxénétisme
Alimata Fall, Dibor Sall et Aïchetou Fall ont été séparément arrêtées dans deux affaires de proxénétisme à Nouadhibou, au mois de Ramadan dernier. De sources proches de l’administration pénitentiaire, ces trois femmes sénégalaises ont été prises en flagrant délit du proxénétisme. Et pendant leur interrogatoire au commissariat de police, elles n’auraient même pas mis du temps pour passer aux aveux tout, en citant le nom de leurs protecteurs mauritaniens Alioune Thiam et Abou Seck. Et depuis le mois béni de Ramadan, Dibor Sall et Aïchetou Fall en plus des deux hommes sont en détention préventive et attendent leur comparution devant la cour criminelle de Nouadhibou. Quant à Alimata Fall, qui est âgée d’une soixantaine d’années, elle a pu bénéficier d’une liberté provisoire. Selon nos informations, nombreux sont également d’autres ressortissants sénégalais qui attendent encore leur tour pour passer à la barre.
Camara Mamady
L’Observateur du Sénégal