Médias/Formation : Des journalistes à l’école de l’investigation
Depuis le samedi 1er décembre courant, 8 journalistes mauritaniens, une journaliste algérienne et une journaliste tunisienne prennent part dans les locaux du CAC (Centre Africain des Conférences) à un atelier de formation au journalisme d’investigation.Cette formation, qui se déroule du 1er au 5 décembre courant, est organisée par l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO) en collaboration avec la confédération suisse, UE et 3MC.
Dès l’entame de ses explications, le journaliste-formateur, Tidiane Kassé, a montré la différence fondamentale qui existe entre le journalisme conventionnel et le journaliste d’investigation : «Dans le cadre du journalisme conventionnel, l’information est recueillie et rapportée à un rythme périodique (quotidien, mensuel, etc.). Et sa recherche se fait rapidement. Une fois l’histoire diffusée, la recherche se termine. L’histoire se base sur le minimum nécessaire d’informations et peut être très brève. Mais dans le cadre du journalisme d’investigation, l’information ne peut être diffusée avant qu’elle ne soit cohérente et complète la recherche continue tant que l’histoire n’est pas confirmée, et pourrait continuer après sa diffusion. L’histoire se base sur le minimum possible d’informations, et peut être très longue». Abordant la relation du journaliste avec ses sources, il dira que dans le cadre du journalisme conventionnel, la bonne foi des sources est présumée, souvent sans vérification. Contrairement dans le cadre du journalisme d’investigation, où la bonne foi ne peut être présumée, toute source pourrait donner des fausses informations, aucune information ne peut être utilisée sans vérification
Un journaliste qui refuse d’accepter le monde tel quel
Abordant les résultats attendus par ces deux types de journalisme, Tidiane Kassé a tout d’abord rappelé que le «reportage est conçu comme un miroir du monde, qui est accepté tel quel. Le reporter ne vise pas de résultats au-delà d’informer son public. Le reportage ne requiert pas l’engagement personnel du reporter. Le reporter cherche à être objectif, sans biais ou jugement envers les acteurs d’une histoire. La structure dramatique du reportage n’est pas d’une grande importance.
L’histoire n’a pas de fin, car l’actualité ne s’arrête pas. Quant aux résultats attendus d’une une investigation, le journaliste refuse d’accepter le monde tel quel. L’histoire vise à pénétrer ou exposer une situation donnée pour la reformer, la dénoncer, ou promouvoir l’exemple d’une meilleure solution. Sans l’engagement personnel du reporter, l’histoire n’aboutira pas. Le reporter cherche à être juste et rigoureux envers les faits de l’histoire, et peut ainsi désigner ses victimes et responsables. Le reporter pourrait également offrir un jugement ou un verdict»
La question migratoire dans la presse
Comme l’indiquent ces thèmes «Stimuler une couverture objective des faits migratoires» ; «Sans papiers sans clichés, libres voix : Mieux informer sur les migrations», la question migratoire était évidemment au cœur de cet atelier de formation au journalisme d’investigation. Et pour ainsi éclairer la lanterne des journalistes, des personnes- telles que Noelia Diaz du HCR (Haut Commissariat des Réfugiés), Marielle Cartiaux du GRDR- Migration, Mamadou Niang de la CGTM (Confédération générale des travailleurs de Mauritanie); Cheikh Tidiane Thiongane de la FAMAM (Fédération des associations des migrants africains en Mauritanie), Yahya Bocoum d’AMLII (Association mauritanienne de la lutte contre l’immigration irrégulière) ont exprimé la disponibilité de leurs organisations à apporter leur expérience dans la problématique migratoire.
Camara Mamady
Le Rénovateur Quotidien