Passif humanitaire : La marche va-t-elle abroger l’amnistie ?

Publié le par Camara Mamady

  Passif.jpegLes autorités d’hier et d’aujourd’hui sont incessamment rattrapées par le manque réel de sincérité et de fermeté pour un dossier épineux d’exactions et de violences des droits de l’homme que ni l’amnistie improvisée de 1993 n’avait réussi à dissiper des esprits meurtris et assoiffés de justice, ni la prière de l’absent, non plus les indemnisations des victimes ou de leurs parents par l’actuel pouvoir, n’ont parvenu à fermer à jamais la triste parenthèse, malgré des déclarations officielles de règlement définitif du passif humanitaire.

 

Après le déni de TPMN de toute résolution du passif humanitaire définitive consécutive aux propos du ministre de la défense tenus début janvier dernier, selon lesquels le dossier du passif humanitaire est désormais classé après l'indemnisation des cas identifiés par la commission qui a en charge cet épineux dossier, l’AJD/MR vient de confirmer samedi ce sentiment de frustration pour la communauté entière directement concernée par ce génocide noir. Pour son leader Ibrahima Moctar, comme d’ailleurs pour les autres mouvements négromauritaniens militantistes de cette cause, exception faite des nègres dit de « service », le passif humanitaire reste pendant et ne peut être apuré par des mesures conçues suivant les humeurs politiques, loin de tout consensus et de concertation avec les victimes et leurs parents.

 

Pour ce leader, toute solution consensuelle du passif humanitaire en Mauritanie passe par l’abrogation de la loi d’amnistie de 1993, justifiant cette revendication par le fait que cette loi fait obstacle à la réalisation d'une véritable réconciliation nationale. Non loin de cette vision commune de l’éventuel règlement du passif humanitaire, notons que le SNEM (syndicat National des Etudiants Mauritaniens) , estime qu’en fidélité à son profil de syndicat estudiantin de lutte, à son combat pour une Mauritanie débarrassée de tous les germes de l’injustice, pour la recherche de la vérité, contre l’oppression et l’injustice et en fin pour l’unité du peuple mauritanien que cette loi d’amnistie enfreint l’unité du peuple mauritanien « car fondée sur l’injustice, l’impunité et l’indifférence face aux familles des victimes », soulignant par ailleurs qu’elle constitue une violation pure et simple de droits humains, contraire aux principes de notre constitution, traduisant « le manque de volonté des autorités mauritaniennes à dépasser » cet épineux dossier vieux de plus de deux décennies, exigeant de l’Etat mauritanien l’abrogation pure et simple de cette loi.

 

Ce qui signifie pour les porte-parole politiques et activistes des victimes de tout bord que cet épineux dossier demeure entier, que les sutures y apportées ne seront que des calmants inefficaces pour une affaire qui interpelle à plus d’engagement et de courage que des thérapies occasionnelles et des ateliers sans lendemain sur les prodiges de la justice transitionnelle sanctionnée par des résultats probants au Maroc et en Afrique du Sud, toujours attendue pour une expérimentation en Mauritanie pour réconcilier pour l’éternité les composantes de cette nation dans le pardon, la justice et la tolérance.

 

L’appel sera-t-il entendu ?

En remettant au portail de l’Assemblée nationale la lettre d’abrogation de cette loi d’amnistie aux trois députés notamment Kane Hamidou Baba du MPR, les manifestants nourrissaient sans doute des espoirs d’être entendus. Ce qui se dégageait d’ailleurs dans leurs interventions entrecoupées des pas de danse, surtout du passage de la maman rappeuse. Mahamadou Diallo, Chargé de l’organisation de la marche de l’abrogation a donné à cette occasion la parole aux intervenants parmi les leaders politiques, responsables des ONG de droits humains. Selon le président du Mouvement des Jeunes du 25 février, El Bettah Ould Habib, si le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz n’est que la continuité de celui de Maâouiya Ould Sid’Ahmed Taya , il n’a toutefois rien changé depuis son accession au pouvoir.

De son côté Brahim Ould Bilal Ould Abeïd, vice-président de l’IRA a laissé entendre que son organisation sera toujours présente là où les Mauritaniens se battront pour réclamer la justice et leur droit. Finis les différents discours, les manifestants ont scandé des slogans hostiles aux «tortionnaires» : «Jugez les criminels ! Nous réclamons le jugement de Maâouiya ! La justice pour les victimes des douloureux événements en Mauritanie ! Non à l’impunité en Mauritanie !... »

C’est dans cette ambiance que le leader de l’’AJD/MR a remis la lettre de la demande d’abrogation aux députés Kane Hamidou Baba du MPR en présence de plusieurs leaders et responsables des ONG notamment de Bâ Mamadou Alassane, président de PLEJ, de Wane Abdoul Birane et Dia Alassane du Mouvement TPMN, Sarr Mamadou Moctar du FONADH, Kane Mamadou du COVIRE, Souleymane Lô du REVE…

MOML et CM

Le Rénovateur Quotidien

 

 

 

 

 

 

 

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