Cent jours après l’investiture du président «Aziz»: Les Mauritaniens veulent y croire encore …

Publié le par Camara Mamady

                                                                         

«Le 18 juillet 2009, le peuple mauritanien a tourné la page de la gabegie et des mauvaises pratiques et a ouvert une page qui sera, Inch’Allah, lumineuse dans l’histoire de la Mauritanie Nouvelle. Comme j'ai eu à le répéter au cours de la campagne électorale, notre objectif est de bâtir un Etat fondé sur la justice, l'égalité et les valeurs républicaines, où nous jouissons, tous, de la sécurité et de la stabilité».


 L’élection du président Mohamed Ould Abdel Aziz, à l’issue du scrutin du 18 juillet 2009, s’était faite sous le signe du «changement constructif», nos compatriotes ayant souhaité tourner la page du passé pour faire place à une Mauritanie nouvelle. Car le candidat au slogan «changement constructif», avait promis une Mauritanie nouvelle, unie, prospère et démocratique. Après avoir passé cent jours à la présidence de la République, il est normal, voire nécessaire de jeter un regard sur ce qu’a fait Mohamed Ould Abdel Aziz de ses 100 jours à la maison la plus convoitée de notre pays.

 Retour sur un passé immédiat.

Les promesses de l’investiture.

Le mercredi 5 août 2009, dans l’enceinte du stade olympique de Nouakchott, Mohamed Ould Abdel Aziz, le président élu à l’issue des présidentielles du 18 juillet 2009, a prêté serment devant les membres de la Cour constitutionnelle et en présence de ses invités dont des chefs d’Etat, des personnalités de haut rang et des délégations des pays amis et partenaires de notre pays.

Ainsi, la cérémonie d’investiture était empreinte d’une grande solennité. Cent jours après cette investiture qui marque le retour de notre pays à l’ordre constitutionnel, il faut oser le dire, le processus de la lutte contre la gabegie, enclenché par l’avènement du «Mouvement de la rectification», est toujours à l’ordre du jour des priorités du président de la République. La construction d’une Mauritanie nouvelle aussi. Dans son discours d’investiture, le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas laissé passer sous silence ses ambitions pour le pays, pour les cinq ans de sa magistrature. «Au moment où je prends officiellement mes fonctions de Président de la République, je pense aux milliers de pauvres et de déshérités qui fondent sur notre programme électoral d'immenses espoirs pour avoir droit à une vie qui préserve leur dignité, leur honneur et leur fait oublier les spleens et souffrances qu'ils ont vécus pendant longtemps. A ceux-là, je tiens à affirmer que je ne les décevrai pas, car je suis là pour eux et parce que je sais qu'ils m'ont élu pour que je mette fin à leurs souffrances. Je saisis cette occasion solennelle pour réaffirmer que les engagements que j'ai pris pendant la campagne électorale seront honorés, Inch’Allah, dans les meilleurs délais et que les propos que j'ai eu à tenir n'étaient point électoralistes mais plutôt pour éclairer l'opinion publique sur des réalités vécues». Et d’insister sur la «nouvelle Mauritanie» qu’il veut construire : «Le 18 juillet 2009, le peuple mauritanien a tourné la page de la gabegie et des mauvaises pratiques et a ouvert une page qui sera, Inch’Allah, lumineuse dans l’histoire de la Mauritanie Nouvelle. Comme j'ai eu à le répéter au cours de la campagne électorale, notre objectif est de bâtir un Etat fondé sur la justice, l'égalité et les valeurs républicaines, où nous jouissons, tous, de la sécurité et de la stabilité».

Les 100 jours de la présidence de Aziz.
 

Aujourd’hui et après 100 jours d’exercice du pouvoir par le président Mohamed Ould Abdel Aziz, il est tout à fait normal voire nécessaire de brosser le bilan de l’homme à la tête du pays, lui qui s’est présenté et a été élu sous le signe du «Changement constructif». Qu’a-t-il fait, durant ces 100 jours, notamment de ses promesses de la lutte contre la gabegie et la corruption ? Que pensent nos compatriotes de sa présidence ? A-t-il réussi à garder sa côte de popularité auprès de ses concitoyens ? L’image de notre pays s’est-elle améliorée à l’échelle internationale ? Qu’est-ce qui a changé sur le plan social, économique et politique dans notre pays ?

Il est vrai que depuis son investiture, plusieurs chantiers ont été lancés notamment la réfection de certaines routes de la capitale, le nettoyage de Nouakchott, la lutte contre les détournements, la moralisation de la gestion de la chose publique, l’assainissement de l’administration, la lutte contre les phénomènes du terrorisme et de l’immigration… Sans oublier les visites inopinées du président sur le terrain, les limogeages et les arrestations des responsables «tordus» de notre administration.

Au secours des citoyens : la marque de fabrique d’«Aziz» Pour ne pas s’éloigner de ses électeurs et de leurs préoccupations quotidiennes, le président Ould Abdel Aziz a fait de la construction de la nouvelle mentalité des fonctionnaires de notre pays, sa marque de fabrique, avec des visites inopinées dans les différents quartiers et services de l’administration. Jusqu’ici, lui et son gouvernement ont toujours été au chevet des citoyens. La très réussie «Opération Ramadan 2009» qui consistait à vendre à moindre prix des denrées de première nécessité sur l’étendue du territoire national, en témoigne. Quelques jours après ce lancement de l’opération ramadan, des pluies diluviennes se sont invitées à Nouakchott et à Rosso faisant plus «3500 sans abris à Rosso, 40 habitations détruites à Jidrel Mohguen, 1400 familles sinistrées à Dar Naïm». Le président avait entamé, le vendredi 28 août 2009, une visité d’information dans les différents quartiers sinistrés pour instruire ensuite le gouvernement. Le mardi 30 août 2009, le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Mohamed Ould Boilil a fait le déplacement à Rosso pour se rendre compte lui-même de la situation.

Le comité interministériel mis en place pour faire face à cette situation catastrophique naturelle a distribué plusieurs quantités de produits alimentaires aux populations sinistrées. Puis le 31 août 2009, le Premier ministre s’est rendu à Rosso au chevet des sinistrés. Comme un malheur ne vient jamais, les coupures d’électricité viennent s’ajouter au stress causé par les inondations et le Premier Ministre est obligé d’aller voir les installations de la Société Mauritanienne d’Electricité (SOMELEC).
 

Durant le mois de septembre, les populations de Kiffa, de Boutilimit, Barkéol, Chegar, Moudjeria connaîtront leurs lots de pluies diluviennes. Le président a entamé le mois d’octobre des visites inopinées à Dar Naïm, à Sebkha avant de décréter la gratuité des médicaments anti-paludiques. Pour mettre en pratique la lutte contre la gabegie, le Président procédera, lors du conseil des ministres du jeudi 08 octobre 2009, aux limogeages et aux arrestations notamment le wali de Nouakchott a été relevé de ses fonctions. C’est dire que l’heure est au travail et que le mandat du président Aziz a démarré sur les chapeaux des roues. La pluie aura cela de bénéfique : elle laisse derrière elle une capitale sale. Aussi fallait-il attaquer ce mal dont souffrent en premier les citoyens. Une campagne de nettoyage de la ville est lancée, le samedi 17 octobre 2009, sous la supervision du Premier ministre. Seulement, en cette saison des pluies, il ne faut pas oublier cette «arme des destruction massive» qu’on appelle le criquet pèlerin.

Pour faire face la situation acridienne dans notre pays, d’importants moyens ont été mis à la disposition du Centre national de lutte anti-acridienne (CNLA) lequel arrivera, tant bien que mal, a gardé «la situation acridienne, dans notre pays, sous contrôle». Autre dossier à l’œil, la poursuite des opérations de retour de nos compatriotes par l’ANAIR. Coopération bilatérale : un partenariat stratégique Le président avait solennellement annoncé dans son discours d’investiture que : «Notre politique étrangère sera désormais au service des intérêts suprêmes du pays.Dans ce cadre, nous œuvrerons, grâce à une diplomatie efficace et proactive, à renforcer la coopération avec les pays frères et amis. Avec nos frères maghrébins, nous consentirons les efforts nécessaires à l'édification du Grand Maghreb Arabe. Une attention particulière sera accordée à la coopération avec les pays voisins, à la redynamisation du dialogue arabo-africain et au renforcement des relations de coopération avec l'Union Européenne».

A la parole, il joindra le geste en nommant au Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération une femme, Madame Naha Mint Mouknass, qui donne ainsi à la première le mérite d’avoir été le premier pays arabe et musulman à confier cette responsabilité de souveraineté à une femme. Rien que sur ce coup-là le président Aziz à frappé fort. Le reste suivra …

Quelques semaines plus tard, en septembre 2009, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhan Xun, est à Noouakchott où il inaugure l’extension du Port Autonome de Nouakchott dit Port de l’Amitié (PANPA). Dans l’après-midi de ce même jour, le président Aziz ira participer au 2ème sommet Afrique-Amérique du Sud, tenu au Vénézuela. Après avoir déclaré que «la Mauritanie soutient la mise sur pied de mécanismes pour le développement de la solidarité entre l’Amérique du sud et l’Afrique», Ould Abdel Aziz quitté l’île de Marguerita avec le projet d’«une raffinerie vénézuélienne dans notre pays». Toujours au mois de septembre 2009, c’est-à-dire à peine un mois après l’investiture du président Aziz, le Fonds Monétaire International (FMI) accorde à notre pays des droits de tirages spéciaux d’une valeur de 80 millions de dollars américains. Le 4 octobre 2009, à Istanbul, la FIDA emboîte le pas avec un prêt de 12 millions d’USD à notre pays en vue de stimuler la production et de réduire la dépendance à l’égard des importations.

Pour mieux lutter contre le terrorisme, le trafic des drogues et l’immigration, le Palais des Congrès a abrité, au tout début du mois d’octobre et cela durant deux jours, une réunion sécuritaire franco-mauritanienne. Au même moment, le ministre des Affaires étrangères espagnol, Miguel Angel Moratinos était dans nos murs. Tout comme une mission conjointe de l’Union européenne et la commission européenne. Pour redymaniser la coopération militaire entre la France et notre pays, le Chef d’Etat-major général de l’Armée française, le Général Jean Louis Georgelin est venu à Nouakchott. Effectuant une visite à Paris, le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz ne manquera pas de mettre cette visite sous le signe de «rattrapage du temps perdu».

Quant au président français, Nicolas Sarkozy, il a mis à profit cette visite officielle de notre président pour lui «réaffirmer son soutien». Fort du soutien français, le président et sa délégation se sont envolés pour la capitale espagnole, Madrid, où ils ont trouvé devant eux les mêmes bienveillances. Au mois de novembre 2009, le Royaume d’Espagne a fait don à notre pays d’un avion équipé pour la surveillance côtière. Il y a évidemment d’autres dons qui ne sont pas énumérés.

Difficile dialogue politique.

Les résultats de la présidentielle du 18 juillet 2009 donnant le candidat au slogan «changement constructif » furent naturellement contestés par trois candidats malheureux. Ces derniers ne manqueront pas de demander en vain la mise en place d’une commission d’enquête. De conférences de presse en conférences de presse, certains de ces trois candidats abandonneront la contestation pour transférer le «combat» démocratique ailleurs. C’est le cas de Messaoud Ould Boulkheir, par ailleurs, président de l’Assemblée nationale qui dira lors de la conférence de presse du FNDD du mercredi 7 octobre 2009 qu’il poursuivra la lutte que mène le FNDD depuis toujours de l’intérieur de l’Assemblée nationale, étant entendu que le FNDD place sa lutte dans le cadre de la Constitution.

Allant en droite ligne de cet engagement verbal, son groupe politique prendra part aux sénatoriales partielles du 8 novembre où l’opposition unie, RFD/FNDD, ne gagnera que des miettes. Une déroute de l’opposition qui en dit long sur l’impossible dialogue du Pouvoir et de l’opposition laquelle ne cesse de rappeler que la crise politique existe toujours dans le pays, alors que pour le Pouvoir la page de la crise née de l’éviction de l’ancien président Sidi Ould Cheikh Abdallahi a été définitivement tournée avec la présidentielle du 18 juillet 2009 et que le pays est revenu à une vie démocratique normale où chacun doit jouer rôle en s’alliant ou s’opposant au Pouvoir.

Mais quoi qu’il en soit, l’ouverture de la 1ère session ordinaire du parlement 2009-2010 par le président de l’Assemblée nationale qui assure présentement la présidence tournante du FNDD, la tenue des sénatoriales partielles où le parti au pouvoir (UPR) a fait une alliance avec un parti de l’opposition (Tewassoul) et la nomination, par le président Aziz de certains militants des partis de l’opposition à des postes de hautes responsabilités à l’intérieur du pays et à l’extérieur (Ould Rzeizim à Addis-Abeba), tout cela augure de l’amorce certaine d’un dialogue inclusif national nécessaire et indispensable pour mieux asseoir le retour à la normale.

Et même s’il faut reconnaître que la situation politique ne s’est guère améliorée durant ces 100 jours, la main tendue à l’opposition démocratique par le parti au Pouvoir et celle tendue par l’opposition au Pouvoir, finiront bien par se retrouver. Bien sûr, le calme règne, le président Mohamed Ould Abdel Aziz gouverne et l’opposition s’oppose et critique l’action du gouvernement, voire les décisions du président comme cela fut le cas avec les agriculteurs et ceci est une très bonne chose pour la vitalité de notre jeune démocratie, mais le dialogue entre les acteurs politiques nationaux est une nécessité pour qu’ensemble les Mauritaniens construisent leur pays. Encore faut-il qu’ils se parlent.

Ce qu’en pensent les Mauritaniens.

A en croire nos concitoyens que nous avons rencontrés lors de notre micro-trottoir, les avis sont partagés sur l’amélioration des conditions de vie de nos compatriotes et sur les acquis de la présidence d’Ould Abdel Aziz. Comme l’attestent le propos du père de famille, Ethmane Ould Mohamed Abdallahi : «Nous apprécions beaucoup la lutte que le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz engage contre la gabegie, la corruption et le détournement des deniers publics. Par contre, il n’a pas, jusqu’ici, résolu les problèmes des populations les plus démunies parce que ces dernières continuent toujours à vivre dans la précarité et souffrent de la cherté des prix des denrées de premières nécessités. Malgré des propagandes autour des soins de santé dans notre pays, les pauvres ont toujours du mal à y accéder à cause de leurs extrêmes pauvretés»

Quant à la ménagère, Lalla Mariem Diop Seck, elle a laissé entendre : «De nos jours, il n’est pas facile de remplir le panier de la ménagère en revenant du marché. Il faut comprendre que tous les produits alimentaires sont actuellement très chers. Les autorités doivent venir en aide des populations. Sinon, ça ne va pas du tout. Ces derniers temps, il paraît que certains de nos partenaires nous ont donné de l’argent». Selon Fatimetou Mint Hamady, «le président de la République a très bien commencé son mandat de cinq ans. Il veut vraiment imprimer sa marque à l’administration mauritanienne. Mais, il ne doit pas aussi laisser les commerçants faire ce qu’ils veulent au marché. Un très bon pouvoir, c’est celui qui prend tout d’abord en compte des préoccupations quotidiennes des citoyens».

«Depuis son élection à la présidence de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz a fait de l’amélioration des conditions de vie des populations les plus démunies sa plus grande priorité», a laissé entendre le père de famille Baba Diagana. Quant au fonctionnaire Mohamed Lemine Ould Amar, il a estimé que «c’est bien beau d’engager une lutte sans merci contre la gabegie et la corruption au sein de l’administration. Mais, je crois que cette lutte doit commencer au moment de la nomination des agents de l’administration. Il doit faire une enquête de moralité auprès de l’entourage des hommes et des femmes auquel il désire confier de grandes responsabilités». Voilà donc qui traduit plus ou moins objectivement le bilan de 100 jours de Mohamed Ould Abdel Aziz à la tête du pays : les Mauritaniens veulent y croire encore …

Khattat et Mamady

source : Nouakchott Info

 

 

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